Exhibitions
Video 50
Kissed Then Burned, Geneva, CH
2025
Press Release
„the sea … is… black… the skin … is… white… infinity is always alive… death wants to be here…they do not see you as you want to be… they see you as you are… you are… you are the light…“1

À la suite de l’éclipse lunaire du 7 septembre 2025, la galerie est plongée dans une golden houréternelle. Un jour en apnée, oscillant entre crépuscule et aube différée, qui renvoie aux technologies contemporaines de domestication de la lumière : simulateurs d’aube, lampes de luminothérapie, thérapies par rayonnement rouge. Autant de tentatives pour prolonger artificiellement le jour, corriger ou régénérer l’organisme, marchandiser l’éclat solaire et, avec lui, la perception même du temps vécu. Dans cet espace, la lumière cesse d’être un cycle naturel et réactive en mémoire le projet inachevé d’Andy Warhol, Sunset (1967–72), où la lente descente du soleil est pure durée et voix spectrale, saturant l’image d’un horizon qui n’arrive jamais totalement à disparaître.

Ecclesiastes 1:14 prend la forme d’un rideau tombant du plafond au sol, recouvrant toute la surfacevitrée de la galerie. À l’extérieur, une lampe de stade projette une chaleur crue, dont la lumière tra-verse les vitres et le rideau pour pénétrer dans l’espace. Le titre cite le verset : « J’ai vu tout ce qui se faitsous le soleil, et voici, tout est vanité et poursuite du vent »2. L’oeuvre est un protocole qui substitueau soleil un projecteur, à l’éternité une mécanique de studio. À chaque activation, la même situation d’attente se rejoue : une scène est dressée, mais rien ne commence. Le spectateur se retrouve devant un dispositif à la fois théâtral et suspendu, comme si la promesse d’une révélation demeurait un avènement ajourné.

Face à lui, Palazzo Reloaded : trois panneaux de velours blanc-gris-beige captent la clarté commeune peau au soleil, obstinée à recoller les fragments d’un rythme circadien perdu. La matière enregistre des empreintes fugitives, entre caresse et griffure, mémoires d’un geste impulsif. Fragiles etréversibles, elles dessinent un paysage instable, introduisant, au coeur de l’arrêt du temps, une actionpresque clandestine. Sur cette surface, quelques mouches peintes couleur bronze sont fixées. Elles rappellent les « mouches de beauté » des XVIIe et XVIIIe siècles, ces petits ornements en velours ouen taffetas qui signalaient position sociale ou intentions secrètes, frivoles et stratégiques à la fois. Déplacées sur le velours, ces mouches basculent du charme à l’inanité : elles semblent mortes, tombées sur un tapis soudain dressé à la verticale, transformant le sol en paroi. La fragilité de la chair quesuggérait la peinture baroque se condense ici en un insecte mineur, figé et sanctuarisé dans le métal. L’oeuvre paralyse le vivant et défait le présent de son cours, hanté par les réminiscences du passé.

Le titre de l’exposition, VIDEO 50, renvoie à l’oeuvre télévisuelle de Robert Wilson (1978) : cinquante fragments autonomes, sans narration, où un simple rideau soufflé devant une fenêtre devenait une scène entière 3. L’exposition reprend cette logique : ne pas raconter mais retenir et prolonger. Si Warhol étirait le temps jusqu’à l’immobilité, Wilson en faisait une attente pure. Ici, lumière, rideau, velours et cadavres de mouches rejouent cette même suspension. « Le présent est saturé par desspectres du passé qui reviennent sous des formes altérées, empêchant tout véritable devenir ». 4

Thomas Liu Le Lann

1. Andy Warhol, Sunset (1967–72), film 16 mm, couleur, son, 33 minutes, avec la voix de Nico récitant un poème de John Cale. Commande de John et Dominique de Menil pour le pavillon du Vatican à l’Exposition universelle de 1968 à San Antonio, Texas.

2. Ecclésiaste 1:14, traduction Segond.

3. Robert Wilson, Video 50, 1978, production Westdeutscher Rundfunk (WDR), Cologne.

4. Mark Fisher, Ghosts of My Life: Writings on Depression, Hauntology and Lost Futures, Zero Books, 2014.
„the sea ... is... black... the skin ... is... white... infinity is always alive... death wants to be here... they donot see you as you want to be... they see you as you are... you are... you are the light...“1

After the lunar eclipse of September 7, 2025, the gallery sinks into an eternal golden hour — aday held in suspension, wavering between dusk and a postponed dawn. It recalls the technologiesdevised to tame light: dawn simulators, phototherapy lamps, red-light protocols. Each seeks toprolong daylight, adjust or regenerate the body, commodify the solar glow — and with it, the veryperception of lived time. Here, light no longer follows its natural cycle; it conjures Andy Warhol’sunfinished project, Sunset (1967–72), where the sun’s slow descent became pure duration and spec-tral voice, filling the frame with a horizon that never quite vanishes.

Ecclesiastes 1:14 unfolds as a curtain falling from ceiling to floor, veiling the gallery’s glass façade.Outside, a stadium lamp casts raw heat, its light piercing the panes and the fabric to invade thespace. The title recalls the verse: “I have seen all the works that are done under the sun; and behold,all is vanity and a chasing after wind.”2 The work operates as a protocol: the sun is replaced by aspotlight, eternity by studio mechanics. At each activation, the same stasis is replayed — a stageprepared, yet nothing begins. The viewer confronts a dispositif at once theatrical and withheld, asif revelation remained an endlessly deferred arrival.

Facing them, Palazzo Reloaded: three panels of white–grey–beige velvet absorb the glow like sunlitskin, struggling to reassemble fragments of a lost circadian rhythm. The surface retains fleetingmarks — caress or scratch, traces of impulsive gestures. Fragile and reversible, they outline anunstable landscape, inserting an almost clandestine action into temporal pause. Upon this fabric,a handful of bronze-painted flies are fixed. They recall the mouches or beauty patches of the 17thand 18th centuries: small discs of velvet or taffeta placed on the skin to signal social rank or secretintentions, at once frivolous and strategic. Displaced onto the velvet, they slip from charm to ina-nity: lifeless, collapsed on a carpet suddenly raised, turning floor into wall. The baroque fragilityof flesh condenses here into a minor insect, enshrined and sanctified in metal. The work arrests theliving and unravels the course of the present, haunted by revenants of the past.

The exhibition’s title, VIDEO 50, refers to Robert Wilson’s television work (1978): fifty autono-mous fragments without narrative, where even a curtain stirred before a window could become anentire stage3. The exhibition follows this logic: not to narrate, but to hold and prolong. If Warholstretched time into immobility, Wilson made it expectancy itself. Here, light, curtain, velvet, andmouches enact the same stillness. “The present is saturated by specters of the past, returning inaltered forms, obstructing any true becoming.”4

Thomas Liu Le Lann

1. Andy Warhol, Sunset (1967–72), 16 mm film, color, sound, 33 min, featuring Nico reciting a poem by John Cale. Commis-sioned by John and Dominique de Menil for the Vatican Pavilion at the 1968 World’s Fair in San Antonio, Texas.

2. Ecclesiastes 1:14, New International Version.

3. Robert Wilson, Video 50, 1978, produced by Westdeutscher Rundfunk (WDR), Cologne.

4. Mark Fisher, Ghosts of My Life: Writings on Depression, Hauntology and Lost Futures, Zero Books, 2014.